existe des modèles d'exclusion étant donné que toute personne n'est pas
capable de réaliser un hardware libre, dû aux implications causées par le type
d'infrastructure nécessaire. La personne qui souhaite utiliser le hardware
libre conçu par une autre personne, doit le fabriquer en achetant les
composants nécessaires et en reconstruisant le design. Tout ceci a un
coût. Conséquence logiques, seules quelques entreprises possèdent cette
connaissance, et la gardent jalousement pour que les personnes restent de
simples consommateurs de produits.
## Les modèles de production différenciés
Nous observons deux modèles conventionnels de production/distribution. D'une
part, le modèle basé sur la fabrication centralisée, avec un même produit
disponible dans de nombreux lieux, permettant d'augmenter le prix final au
consommateur. D'autre part, un système de fabrication distribuée basée sur un
nombre de petits groupes indépendants qui produisent le même design pour le
distribuer localement. Pour que les deux modèles soient durables, les
initiatives de hardware libre ont besoin de plates-formes qui regroupent et
permettent le contact entre les moyens de production et les personnes qui
souhaitent créer.
Par rapport au modèle de production distribuée, nous voyons qu'il existe
actuellement de nombreuses communautés de hardware libre qui cherchent à
développer des alternatives sans objectifs mercantilistes. Ces groupes
cherchent en général à créer de l'autonomie, faciliter la liberté pour toutes
et renverser les effets sociaux, environnementaux et politiques néfastes liées
à la production de hardware propriétaire.
Il existe par exemple différentes rencontres encouragées par les mouvements
sociaux comme le Hackmeeting [^41], le Hardmeeting [^42], le HacktheEarth
[^43], le Extrud\_me [^44], ou encore le OSHW Conference [^45], le Chaos
Communication Congress [^46] ou les rencontres Dorkbot où l'on peut trouver
des personnes qui développent des projets de hardware libre. Le projet OSWASH
[^47] (Open Source Washing machines) représente parfaitement ce que nous
définissons comme la recherche et le développement de technologies appropriées
pour lesquelles le seul hardware qui fait sens est celui qui est libre, celui
qui a été réapproprié au privé et rendu aux biens communs.
Au niveau de l'État espagnol des lieux comme le Medialab Prado [^48], la
Laboral [^49] ou Hangar [^50], parient en général sur le développement du
hardware libre. Ainsi dans Hangar (Barcelone), nous trouvons BeFaco [^51], qui
développe du son avec hardware libre et FABoratory [^52], spécialisé dans la
fabrication d'imprimantes 3D. À Calafou, nous pouvons trouver le HardLab
Pechblenda [^53], un laboratoire de son électronique et biohacking depuis la
perspective transféministe. Enfin, depuis la XarxaCTiT [^54] (Réseau de
Science, Technique et Technologie) de la Coopérative Intégrale Catalane [^55],
nous développons une plate-forme d'échange de savoirs et de besoins au niveau
local, en créant un réseau d'associés, de producteurs, prosommateurs et
consommateurs de hardware libre et de technologies appropriées.
Dans une vision diamétralement opposée et en pariant sur une stratégie globale
pendant que cet écosystème complet de fabrication distribuée continue à
émerger, Chris Anderson [^56] suggère de fabriquer des projets d'Open Hardware
en Chine en utilisant Alibaba.com [^57]. Cette entreprise créée en 1999 est
devenue une compagnie pesant 12000 millions de dollars avec 45 millions
d'utilisateurs enregistrés et 1,1 million d'employés. Fabriquer en Chine est
un phénomène connu comme le phénomène Shanzai. À l'origine, ce terme décrivait
*"des bandits qui se révoltaient contre une autorité et qui commettaient des
actes qu'ils jugeaient comme justifiés".*
Le mouvement Shanzai représentait en 2009, 20% des téléphones mobiles vendus
en Chine et 10% des téléphones mobiles vendus dans le monde entier. Certains
fabricants ont tellement de succès qu'ils préfèrent favoriser leurs propres
marques au lieu de fabriquer des produits "pirates". Ce qui est intéressant
dans ces entreprises, c'est qu'en "piratant" des produits de marque, elles ont
établi une culture d'échange d'informations sur ces produits et ont généré du
hardware de conception ouverte, en se donnant du crédit les unes aux autres
quant aux améliorations apportées. C'est la communauté qui établit elle-même
cette politique et qui exclut ceux qui ne la suivent pas. Les Shanzai
comprennent et répondent aux besoins et aux goûts locaux, en établissant et en
maintenant des bases locales de fabrication et de distribution, appelées les
fabrications localisées. Toutefois, les conditions de travail surtout dans la
création de composants électriques sont déplorables et elles supposent un
risque physique pour la santé [^58]. L'on ne peut pas dire non plus qu'elles
cherchent la justice sociale pour ses chaînes de travailleuses. L'Open Source
Hardware Work Licence (en attente d'écriture) doit exiger des conditions de
travail respectueuses des personnes, de leur liberté et de leur entourage.
## Conclusions
Utiliser et créer du hardware libre protège et défend la souveraineté
technologique car cela permet aux personnes d'avoir une certaine indépendance
technologique en évitant qu'aucune ne dépende d'une autre comme fournisseur de
ressources nécessaires pour son développement. La réutilisation et
l'adaptation de conceptions permettent d'innover et d'améliorer, de minimiser
les coûts et les temps de conception, de faciliter le transfert de la
connaissance et d'éviter que s'accentue l'analphabétisme numérique pour des
motifs économiques.
En permettant aux personnes de savoir comment cela fonctionne, comment
entretenir et réparer la technologie dont elles ont besoin, elles peuvent
cesser d'être de simples consommateurs technologiques. Utiliser et créer un
hardware libre, active et entraîne plus de bien-être qu'utiliser un autre type
de hardware même s'il faut passer en premier lieu par on ne sait combien de
déception dans son apprentissage. Outre la propre conviction politique, la
liberté représente la possibilité, la capacité d'apprendre et de construire
son propre monde, cela nous rend moins aliénées et nous éloigne encore plus de
la participation à la structure capitaliste.
L'adéquat et l'inadéquat ne sont pas des attributs en soi d'une
technologie. Leur qualification est le résultat de l'évaluation de ses
caractéristiques par rapport à (1): un état d'organisation de la production et
d'un système économique ; (2) des niveaux de distribution des ressources et
(3) un état de développement du système technologique en utilisation. Nous
analysons la façon dont se désertifie une société à travers la techCnologie:
obsolescence programmée, dépendance technologique et introduction de
technologies inappropriées. Leur dévastation et leur récupération sont quasi
impossibles si elles restent à l'intérieur des puissantes chaînes du système
capitaliste.
Car le monde du hardware libre libre est très complexe, et les liens et abus
qui se réalisent à travers le développement technologique ne semblent pas
respecter les libertés. C'est la raison pour laquelle je mise sur les
Technologies Réappropriées.
Celles-ci sont celles qui s'adaptent le mieux à des situations sociales,
culturelles et économiques. Elles exigent peu de ressources, impliquent un
coût moindre et un impact sur l'environnement très faible. Nous autres, nous
avons besoin d'une technologie réappropriée à l'industrialisation, qui
s'incorpore à nos technologies, nos techniques et notre quotidien, ainsi qu'à
nos traditions ancestrales qui de manière inhérente ont déjà une base
environnementale, durable et holistique. Des Technologies Réappropriées au
progrès, à l'analphabétisme et à l'aliénation, à la science immobile, aux
intérêts du pouvoir, réappropriée car décentralisée, organique, transmutable.
## Bibliographie
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Canals, Xavier: Wikipedias versus blogs. La création collective et l'accès universel au savoir.. http://www.bubok.com/libros/172033/Wikipedias-versus-blogsCasassas
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Kessner, David: Open-source IP could ignite system-on-chip era. http://www.eetimes.com/story/speakout/OEG20000131S0007
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