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# Hacklabs et Hackerspaces: Ateliers partagés de mécanique
***Maxigas***
![](media/hacklabs.png)
## Définitions
Pouvez-vous imaginer des ingénieurs, professionnels et aspirants, construisant
leur propre Disneyland ? Cela se passe dans la plupart des capitales
Européennes. Les *hacklabs* [^1] et *hackerspaces* [^2] sont des ateliers de
mécanique opérés par des hackers pour des hackers. Ce sont des pièces ou
édifices dédiés où les personnes intéressées par les technologies peuvent se
retrouver pour socialiser, créer et partager leurs savoirs, et travailler sur
leurs projets individuellement ou en groupes. Ils offrent également un
rendez-vous régulier pour les hackers, à un endroit et à un horaire
fixes. Ainsi un espace et un temps de discours partagés est construit, où le
sens est négocié et circule, établissant ce qui peut être appelé une *scène*.
Les *hacklabs* et *hackerspaces* appartiennent à la diverse et trouble
taxonomie familiale des ateliers de mécanique. *Ateliers techniques*, espaces
partagés de travail, *incubateurs, laboratoires dinnovation ou de médias*,
diverses formes de points de rencontre (“*hubs*”), et finalement les *fablabs*
et *makerspaces* — énumérés ici par ordre de co-optation — tentent tous
démuler et de capitaliser sur la force technoculurelle galvanisée par les
*hacklabs* et les *hackerspaces*. Les références explicites, sur les sites de
telles organisations, au concept de “communauté” [^3] les trahit rapidement
par labsence des valeurs quelles annoncent. Après tout, le capitalisme
contemporain est de plus en plus dépendant de lauthenticité et lattitude,
quil mine dans *lunderground* [^4].
Quant à la différence entre *hackers* et *makers*, les lignes restent
floues. Quelques membres de hackerspaces soutiennent que les hackers ne se
limitent pas à fabriquer, mais également cassent des choses, alors quun
membre dun *makerspace* se plaignait que “les hackers ne finissent jamais
rien.”5 Dans les instruments de propagande, les stratégies discursives varient
leurs moyens de manœuvrer autour du mot tabou (“HACK”) de manière à adoucir
les implications négatives mais accentuer les associations positives quil
apporte. Tandis que léthique du hacker est souvent portée au cœur du système
de valeurs qui imprègne la scène, il est peut-être plus utile de lentendre
non pas comme un socle moral pré-établi, mais plutôt comme une orientation
pratique enracinée dans le contexte social et lhistoire sociale qui englobent
les hacklabs et les hackerspaces : la manière dont ils “reposent” dans le
tissu social. Ils varient donc largement selon le contexte, comme nous allons
le voir à présent.
Ainsi donc, la section suivante trace brièvement les trajectoires historiques
des *hacklabs* et des *hackerspaces*, y compris leurs intersections. Il faut
noter toutefois que les configurations actuelles présentées ci-dessous ne sont
pas les seules voies possibles et historiques de leur fonctionnement. Ensuite,
nous explorerons les potentiels et limportance sociale de quelques *hacklabs*
et *hackerspaces* établis, pour préparer le champ pour une évaluation de ces
tactiques dun point de vue stratégico-politique dans lultime section.
## Trajectoire historique
Les histoires et historiques suivants sont confinés à lEurope, comme ce
continent mest le plus familier.
### Hacklabs
Lapparition des *hacklabs* coincide avec celle de lordinateur personnel
[^6], mais leur âge dor se situe dans la décennie au tournant du millénaire
(largement inspirée des conclusions du Hackmeeting de Milan en 1999)
[^7]. Souvent localisés dans des espaces squattés et des centres sociaux
occupés, ils formaient une part intégrante de la boîte à outils de la
politique autonome, au même titre que la cuisine populaire végane de Food Not
Bombs, les infocentres et bibliothèques anarchistes, les boutiques libres et
les salles de concerts punks [^8]. Par exemple, le centre social occupé *“Les
Tanneries”* à Dijon hébergeait lensemble de ces activités sous un même toit à
un moment donné [^9], de la même manière que le *RampArt* de Londres [^10], la
*Rimaia* à Barcelone [^11], ou le *Forte Prenestino* à Rome [^12]. Le plus
vaste réseau de *hacklabs* sétablit en Italie [^13], depuis des *hacklabs*
influents tels le *LOA hacklab* dans le Nord densément peuplé (Milan) [^14],
jusquau sus-cité Forte et le *Bugslab* [^15], aussi à Rome, et *Freaknet*
[^16], réputé pour être le premier du genre, à Catania en Sicile.
Une division des sensibilités des participants et du focus de leurs activités
peut également être discerné, avec une orientation des *hacklabs* du nord de
lEurope vers la sécurité et le contournement, et au Sud une attention plus
poussée dans le domaine de la production de médias [^17]. Par exemple, le
*Chaos Computer Club* allemand est connu pour pénétrer divers systèmes de
lÉtat et des grandes entreprises publiquement depuis 1985 (les transactions
bancaires à domicile “Bildschirmtext”) [^18] jusquà ce jour (passeports
biométriques) [^19], alors que le magazine néérlandais *Hack-Tic* dut fermer en
1993 pour avoir publié des “*exploits*” (NdT: méthodes dattaque) — alors que le
hacklab *Riereta* de Barcelone [^20] était reconnu pour son travail innovant
dans le domaine de la diffusion en direct, et la “Fonderie de Culture Libre”
*Dyne* [^21] pour ses travaux dans le domaine du traitement de données
multimédia (en temps réel) et son système dexploitation libre pour la
production de médias (Dynebolic Live CD) [^22]. Aujourdhui des exemples
notables existent à Amsterdam (LAG) [^23] et près de Barcelone (*Hackafou*)
[^24]. Ces deux *hacklabs* opèrent dans le contexte despaces autonomes plus
larges: le *Binnenpret* [^25] à Amsterdam où se trouve le *LAG* est un complexe
dédifices légalisé (ex-squat) qui héberge une librairie anarchiste, la salle
de concert autogérée *OCCII*, un restaurant végétalien et le label de musique
“Révolutions par minute”, entre autre choses tels des appartements; tandis que
*Calafou* [^26] où se situe *Hackafou*, sappelle une colonie écoindustrielle
postcapitaliste fondée sur un modèle coopératif, incluant une manufacture de
meubles, un poulailler, le *Hardlab TransHackFéministe Pechblenda* [^27] et des
logements.
Au tournant du millénaire, lorsque les connexions par modem étaient
considérées modernes, il nétait parfois possible de se connecter à lInternet
(ou ses prédécesseurs, comme les BBS ou des réseaux comme Fidonet) en visitant
le hacklab du quartier. Aussi ces “ateliers Internet squattés” — ainsi
étaient-ils parfois nommés dans le nord de lEurope — ne facilitèrent pas
seulement les connexions entre personnes et machines mais aussi contribuèrent
à la formation de communautés physiques de contre-informatique. Les
ordinateurs personnels demeuraient rares, de sorte que “les membres du
collectif recyclaient et recomposaient des ordinateurs de la poubelle”
[^28]. Les machines obsolètes et le hardware abandonné trouvait souvent le
chemin des *hacklabs*, où il était transformé en ressources utiles — ou
au-moins en oeuvres dart ou en déclarations politiques (Fig.2). Les
téléphones mobiles et les solutions populaires de téléphonie telles que Skype
nexistaient pas encore lorsque les hackers de WH2001 (Wau Holland 2001),
Madrid et Bugslab, Rome, installèrent des cabines téléphoniques dans la rue,
où les immigrés pouvaient appeler leurs familles au pays gratuitement. Le
développement de GNU/Linux navait pas encore atteint une masse critique, donc
installer un système dexploitation libre relevait de lart ou de lartisanat,
et pas dune simple opération de routine. Le logiciel open source nétait pas
encore établi comme un lucratif segment du marché, mais présentait quelques
caractéristiques dun mouvement, et les *hacklabs* accueillaient de nombreux
développeurs de logiciel libre. Les *hacklabs* combinaient sans heurt trois
fonctions : fournir un lieu de rencontre et un atelier où les enthousiastes de
la technologie underground pouvaient apprendre et expérimenter ; appuyer et
participer aux mouvements sociaux ; et fournir au public un accès libre aux
technologies de linformation et de la communication. Dans le cyberespace,
tout était encore fluide et submergé de lintuition, paradoxalement inspirée
de la littérature Cyberpunk, que si les perdants de lhistoire pouvaient
apprendre suffisamment vite, ils pourraient déborder “le système”. Évidemment,
les *hacklabs* étaient des projets politiques qui appropriaient la technologie
selon les fins plus larges du mouvement autonome pour transformer et organiser
lensemble de la vie. *Donc la souveraineté technologique est interprétée ici
comme la souveraineté des mouvements sociaux autonomes, comme technologie hors
du contrôle de lÉtat et du capital.*
### Hackerspaces
Les *hackerspaces* viennent dun courant transversal, correspondant à
lapparition de *linformatique physique* 29, lidée que lon peut programmer,
contrôler, et communiquer avec des choses en dehors de lordinateur, et la
capacité de le faire grâce à la disponibilité de microcontrôleurs en général
accessibles sur le marché de grande consommation, conjointement aux débuts des
plate-formes combinées de matériel et logiciel libres et open source comme
lArduino en particulier au sein du marché des amateurs. LArduino a exploité
la puissance des microcontrôleurs pour rendre accessible *linformatique
physique* même à des programmeurs novices qui nont aucune spécialisation dans
le contrôle des machines. Lidée de *linformatique physique* était
inspiratrice à lère suivant lexplosion de la bulle des points-com, alors que
la concentration des services de lInternet aux mains de quelques corporations
multinationales américaines comme Google, Facebook et Amazon rendaient le
développement Web, le design des interactions, et lingénierie des réseaux à
la fois omniprésents et profondément ennuyeux.
Le panel suivant de technologies, dont les imprimantes 3D, les découpeuses à
laser, les machines-outils à commande numérique (et tous les outils numériques
pour la fabrication), les quadricoptères (la version hacker des *drones*), les
synthétiseurs dADN, les radios définies par logiciel — tous furent construits
à partir de lextension du savoir et de la disponibilité des
microcontrôleurs. De là il ny a quun pas pour soutenir que les
*hackerspaces* absorbent régulièrement, après quelques années, une technologie
majeure du complexe militaro-industriel, et en produit une version DIY-punk à
destination dêtre réintégrée dans le capitalisme post-industriel. Au
contraire des *hacklabs*, les *hackerspaces* sinterfacent avec la grille
institutionnelle moderne par le biais dentités légales (associations ou
fondations) et paient un loyer pour leur espace30 financés selon le modèle
daffiliation à un club. Leur socle social se compose de professionnels de la
technologie dont lindépendance desprit les pousse vers lexploration
technologique généralement hors des sentiers battus du marché, et dont le
niveau de connaissance et des chèques de salaire généreux leur permettent
darticuler la relative autonomie de leur classe dans de telles initiatives
collectives. Une telle constellation permet à un assortiment de monstres,
danarchistes, dartistes (“media”) magouilleurs au chômage, etc., de
sassocier avec eux. Il est intéressant de se rappeler du témoignage de Bifo
comparant son expérience dorganiser la classe ouvrière dans les années 1970s
et son activisme contemporain pour organiser des artistes précaires31. La
principale différence à laquelle il se réfère en termes pratiques est la
difficulté de trouver un temps et un lieu en commun où et quand les
expériences collectives et la formation du sujet peuvent prendre place. Les
*hackerspaces* répondent à ces deux problèmes plutôt efficacement, en
combinant un accès permanent et laffiliation avec leur propre manière de
technologies sociales pour la coordination.
Du point de vue de lengagment de la société civile avec les *hacklabs* et les
*hackerspaces*, il est crucial de comprendre comment les processus productifs
seffectuent dans les contextes sociaux. Les participants sont motivés par une
curiosité de la technologie et un désir de création. Ils sont passionnés par
la compréhension de la technologie et la fabrication de leurs propres
créations à partir des éléments disponibles, que ce soit des protocoles de
communication, des artefacts technologiques fonctionnels ou dysfonctionnels,
des rebuts techniques ou des matériels de base comme le bois ou lacier. Cela
requiert souvent un degré dingénierie inverse: ouvrir, démonter, et
documenter comment les choses fonctionnent; et puis les remonter dune autre
manière ou les composer avec dautres systèmes — et, ce faisant, altérant leur
fonctionnalité. Ces ré-inventions sont souvent entendues comme hacking.
Bidouillage et prototypage rapide sont deux autres concepts utilisés pour
théoriser lactivité des hackers. Le premier insiste sur laspect incrémental
et exploratoire du mode de travail des hackers, et contraste ainsi avec le
mode des projets de design industriel planifiés, et aussi avec les idéaux de
la méthode scientifique comme processus vertical partant de principes généraux
et descendant vers les problèmes de limplémentation technologique
concrète. Le second montre les dynamiques de ces travaux, où laccent est
placé le plus souvent sur la production de résultats intéressants plutôt que
sur la compréhension claire de ce qui est impliqué, ou sur le maintien dun
contrôle total sur lenvironnement de développement. Ceux qui cherchent à
exploiter les hackers sous les apparences de la collaboration oublient souvent
cela, ce qui résulte en frustrations mutuelles. En effet, qualifier quelque
chose de hack peut aussi se référer au fait quil est vraiment fait de bric et
de broc et pas forcément utilisable dans une certaine situation, sans un
effort ou une connaissance importants — ou au contriare: quil sagit dun
travail de génie, résolvant un problème complexe et souvent général avec une
simplicité et une robustesse frappantes.
La politique des *hackerspaces* est similairement ambigüe : au contraire des
*hacklabs*, où la technologie est plus-ou-moins subordonnée aux perspectives
politiques, dans les *hackerspaces* la politiques est le plus souvent encadrée
par la technologie32. Parmi les participants à ces derniers, on rencontre plus
facilement des sentiments profonds au sujet de la liberté de linformation, de
la privauté et de la sécurité, ou des mesures (juridiques ou technologiques)
qui restreignent lexpérimentation technologique, tels les brevets ou le
copyright, parce que ces sujets touchent aux conditions mêmes de leur
expression personnelle [^33]. Pour cette raison, les luttes sociales
traditionnelles comme la redistribution du pouvoir et des richesses, ou
loppression structurelle fondée sur la perception des corps tels le genre ou
la race laissent la plupart de marbre. Bien quils tendent à exprimer leurs
affirmations et demandes en termes universels, ou dans le langage de la pure
efficience [^34], ils manquent de solidarité avec dautres groupes sociaux.
En particulier, alors quils reposent fermement sur lidée de la technologie
contrôlée par lutilisateur, leur universel ideal se réduit bien souvent aux
“technologies contrôlées par les ingénieurs” en pratique. Les *hackerspaces*
sembleraient manquer des motivations ou des outils pour construire un sujet
politique concret plus large que leurs propres rangs. Fort heureusement, leurs
intérêts les plus importants recouvrent ceux des groupes sociaux les plus
exploités et opprimés, de sorte que les déficiences de leurs perspectives
politiques ne peuvent être détectées que dans leurs angles morts. Un signe
encore plus encourageant est que dans les dernières années on a vu croître la
diversification des audiences dans les *hackerspaces*. Inspirés des
makerspaces, de nombreux *hackerspaces* ont commencé dorganiser des activités
destinées aux enfants [^35], et de nouveaux espaces focalisés sur le genre ont
été créés, suite à linsatisfaction de linclusion dans les *hackerspaces*
traditionnels [^36].
## Potentiels et limitations
Les *hackerspaces* tombent sans aucun doute hors de la grille de lecture des
institutions modernes, puisquils ne sont pas affiliés à lÉtat, nont pas
lambition de participer au marché dans le but daccumuler du capital, et —
avec quelques exceptions — ne partagent pas les ambitions associées avec la
société civile, telles que parler au nom dautres acteurs, mobiliser les
foules, ou faire pression sur les institutions publiques. Bien sûr, dans
chaque pays ils se positionnent différemment : si en Allemagne le Chaos
Computer Club, associé avec de nombreux *hackerspaces* locaux [^37], sert
également de corps consultatif auprès la Court Constitutionnelle de
lAllemagne, une position de professionalisme, les *hackerspaces* néerlandais
[^38] se fondent dans le paysage alternatif entre ateliers dartistes et
petites startups.
Cependant, cette relative autonomie nimplique pas simplement une posture
marginale, mais souligne un certain degré dorganisation interne. Les
*hackerspaces* sont propulsés par la culture des hackers qui est aussi
ancienne que lordinateur personnel: au dire de certains, ce sont les luttes
des hackers, souvent frisant lillégalité, qui ont conduit à linformatique
personnelle [^39]. Les *hackerspaces* sont remplis de vieilles machines
dinformatique et de télématique à tel point que *Hack42* [^40], (à Arnhem,
Pays-Bas), héberge un musée de linformatique qui intègre des machines à
écrire au légendaire PDP-11 depuis années 70s au modèles contemporains.
Finalement, lautonomie reste relative parce quelle natteint ni ne recherche
lauto-suffisance et une indépendance complète de lÉtat, ou pourrait-on dire,
la souveraineté. Cest en contraste frappant avec les *hacklabs* qui opèrent
en général sans entité légale et habitent quelque sorte de zone autonome. De
sorte que si les membres de *hacklabs* peuvent effectivement se cacher
derrière des pseudonymes sans plus de questions, les membres des
*hackerspaces* peuvent sappeler entre eux comme ils préfèrent, mais dans la
plupart des pays ils doivent révéler leur état civil et addresse personnelle
pour devenir membre. Ainsi, alors que les *hacklabs* sopposent à lÉtat
idéologiquement et frontalement de forme anarchiste, les *hackerspaces*
mettent en doute la légitimité de lÉtat de manière ludique [^41]. Ils peuvent
travailler au niveau de limmanence, soit en appliquant simplement le
répertoire adéquat des technologies existantes à une situation donnée (en
créant le site Web dune bonne cause, ou en le rendant dysfonctionnel), ou en
développant des outils existants ou nouveaux, comme porter un pilote
dimprimante 3D de Windows au système libre dexploitation GNU/Linux, ou
encore inventer une télécommande universelle dont lunique bouton sert à
éteindre tous les téléviseurs à sa portée [^42].
## Perspective stratégique
Alors que les *hacklabs* opéraient une mission clairement politique selon une
idéologie politique plus-ou-moins bien articulée, les *hackerspaces* renient
explicitement leur engagement politique. Ces stratégies possèdent leurs
propres potentiels et faiblesses. Dune part, les *hacklabs* à lancienne
sengageaient directement dans les conflits sociaux, apportant leur expertise
technologique à la lutte — et pourtant restaient enfermés dans ce qui est
généralement taxé de ghetto activiste. Bien quils aidaient à prendre
lavantage et accéder à une infrastructure autrefois répandue du mouvement
autonome, leur alignement limita sévèrement leur accessibilité sociale ainsi
que leur prolifération. En contraste, les *hackerspaces* peuvent et mobilisent
leurs propres ressources grâce à la relative affluence de leurs membres et des
connexions plus intimes avec lindustrie qui laccompagne, tout en étant
capables de toucher une plus large audience et collaborer avec des formations
sociales au travers du spectre entier de la société. Leurs nombres croissants
(plus de 2000 enregistrés sur hackerspaces.org), bien plus importants que les
*hacklabs* même au sommet de leur gloire, sont sans doute au-moins en partie
la conséquence de ces facteurs daffluence apolitique. Les *hackerspaces* ont
franchi les limites historiques des *hacklabs*, mais ce, au détriment de leur
consistence politique.
Toute déclaration de neutralité politique devrait cependant toujours être considérée de manière interrogative. La plupart
des membres de *hackerspaces* saccordent sur le fait que “la technologie nest pas neutre”, ou quelle constitue “une continuation de la politique par dautres moyens” : le questionnement de la rationalité technologique, ainsi que lessence oppressive
de la technologie sont des sujets courants de conversation, même si les *hackerspaces* ne graveraient pas ce slogan sur leurs
banderoles. En dernière analyse, toutefois, la principale contribution des *hacklabs* comme des *hackerspaces* à la transformation politique radicale est leur effort infatigable pour établir sur les technologies le contrôle des usagers, et détendre année
après année le champ de ces technologies, du logiciel au hardware, à la biologie. Ce qui est nécessaire pour les *hackerspaces*,
est de relever systématiquement la conscience sur limportance de ces pratiques et les solidités quelles impliquent.
*Janvier 2014, Calafou et Barcelona.*
* * *
[^1] http://web.archive.org/web/20130613010145/http://hacklabs.org/
[^2] http://hackerspaces.org
[^3] http://techshops.ws
[^4] Liu, Alan. 2004. The Laws of Cool. Chicago, IL: University of Chicago Press. Fleming, Peter. 2009. Authenticity and the Cultural Politics of Work: New Forms of Informal Control. Oxford: Oxford University Press.
[^5] Jai entendu cette citation exacte de la bouche de Debora Lanzeni.
[^6] Halleck, Dee Dee. 1998. “The Grassroots Media of Paper Tiger Television and the Deep Dish Satellite Network.” Crash Media (2).
[^7] http://www.hackmeeting.org/hackit99
[^8] Maxigas. 2012. “Hacklabs and Hackerspaces — Tracing Two Genealogies.” Journal of Peer Production 2. http://peerproduction.net/issues/issue-2/peer-reviewed-papers/hacklabs-and-hackerspaces
[^9] http://therampart.wordpress.com/
[^10] https://n-1.cc/g/universitat-lliure-larimaia y http://web.archive.org/web/20130313184945/http://unilliurelarimaia.org/
[^11] http://www.forteprenestino.net/
[^12] Collection de liens sur Austistici/Inventati: http://www.autistici.org/hacklab/
[^13] http://www.autistici.org/loa/web/main.html
[^14] http://www.autistici.org/bugslab/
[^15] http://www.freaknet.org/
[^16] Selon lidée de groente
[^17] http://www.textfiles.com/news/boh-20f8.txt
[^18] http://archive.is/Blfd
[^19] http://web.archive.org/web/20121016060835/http://www.riereta.org/wp/
[^20] http://dyne.org/
[^21] http://www.dynebolic.org/
[^22] http://laglab.org/
[^23] https://calafou.org/en/proyectos/hackafou
[^24] http://binnenpr.home.xs4all.nl/
[^25] http://calafou.org/
[^26] http://pechblenda.hotglue.me/
[^27] Les contributeurs de Wikipedia, 2014. “Wikipedia, The Free Encyclopedia: ASCII (squat).” http://en.wikipedia.org/w/index.php?title=ASCII\_(squat)&oldid=540947021
29.
[^28] Igoe, Tom, and Dan OSullivan. 2004. Physical Computing: Sensing and Controlling the Physical World with Computers. London: Premier Press.
[^29] Aux Pays-Bas certains *hackerspaces* louent des parcelles “antisquat” qui viennent avec un loyer réduit mais un contrat défavorable, un système établi par les rentiers dans le but déloigner les squatteurs de leurs propriétés.
[^30] Franco Berardi a.k.a. Bifo. 2009. Franco Berardi and Marco Jacquemet and Gianfranco Vitali. New York: Autonomedia.
[^31] Maxigas. “Hacklabs and Hackerspaces: Framing Technology and Politics.” Presentación a la Conferencia Anual del IAMCR (International Association of Media and Communication Researchers,) en Dublín. http://www.iamcr2013dublin.org/content/hacklabs-and-hackerspaces-framing-technology-and-politics.
[^32] Kelty, Christopher M. 2008. Two Bits: The Cultural Significance of Free Software. Durham, NC: Duke University Press. http://twobits.net/
[^33] Söderberg, Johan. 2013. “Determining Social Change: The Role of Technological Determinism in the Collective Action Framing of Hackers.” New Media & Society 15 (8) (January): 12771293. http://nms.sagepub.com/content/15/8/1277
[^34] Becha. 2012. “Hackerspaces Exchange.” https://events.ccc.de/congress/2012/wiki/Hackerspaces_exchange
[^35] Toupin, Sophie. 2013. “Feminist Hackerspaces as Safer Spaces?” .dpi: Feminist Journal of Art and Digital Culture (27). http://dpi.studioxx.org/en/feminist-hackerspaces-safer-spaces
[^36] Comme la c-base de Berlin, le muCCC de Munich, ou le CCC Mainz. Voir http://c-base.org/, http://muccc.org/events/ et http://www.
[^37] http://hackerspaces.nl/
[^38] Levy, Steven. 1984. Hackers: Heroes of the Computer Revolution. Anchor Press, Doubleday.
[^39] https://hack42.org/
[^40] Quelques exemples suivent. Le passeport des *hackerspaces* est un
document où les visiteurs de *hackerspaces* peuvent collecter des estampilles
appelées “visas”. Le Hackerspace Global Space Program lancé en 2011 avec le
but initial “denvoyer un hacker sur la Lune dans 23 ans”. SpaceFED est un
système fédéré dauthentification pour laccès aux réseaux sans fil à travers
les *hackerspaces*, analogue au système Eduroam utilisé dans les institutions
denseignement supérieur autour du monde.
[^41] http://learn.adafruit.com/tv-b-gone-kit
<p align="center"><img src="media/end0.png"></p>