2017-12-06 00:54:22 +01:00
# Souveraineté technologique pour aimer à nouveau les machines
*Alex Haché*
> La grande boule de velours répond aux besoins d'un quartier ou d'une
> communauté: elle est rose et très aimable mais elle est sans pitié. Les
> gens pensent que la boule ne reconnaît pas les mauvaises personnes des
> bonnes et qu'elles vont se sauver, mais la boule sait bien. Elle l'a
> inventé. La boule fait du bruit en roulant. Elle l'a inventé. [^1]
Les récits de science fiction se construisent autour d'un possible
futur, les multivers et en général, ils tissent autour de ce qui
n'existe pas (encore). Chaque fois qu'une « personne activiste
imagine le monde pour lequel elle lutte: un monde sans violence, sans
capitalisme, sans racisme, sans sexisme, sans prison, etc, elle
développe une fiction spéculative » [^2]. Des récits qui nous
rassemblent dans nos cercles d'affinités et de résistance. Des récits
qui nous permettent d'attaquer la « machine » [^3] et de
commencer un exode en son sein. Exercer notre capacité à spéculer sur de
nouveaux mondes de manière utopique est une proposition pour repenser
ensemble *evil\_electronique, evil\_internet, evil\_telephonie
mobile, evil\_satellites*.
De grandes boules de velours roses que tu ne peux plus ignorer.
Découvrir d'autres formes, les nommer, rêver à de nouvelles technologies
possibles. La souveraineté technologique est en même temps désir,
fiction spéculative et réalités alternatives.
Un père de 45 ans et son fils de 20 ans. Ils semblent bien s'entendre.
Le fils demande à son père de l'enregistrer avec son téléphone pendant
qu'il fait quelque chose dans la mer. Une, deux, trois, quatre fois, le
père n'y arrive pas. Le fils se montre patient mais surpris par
l'incompétence de ce dernier. Tout à coup, le père explose. La plage
reste silencieuse.
S'en suit une discussion à grands cris sur la rupture des relations de
confiance, le dégoût et la peur des téléphones portables et de Facebook.
Le fils promet de mieux accompagner son père pour qu'il ne soit plus un
novice et qu'il se transforme en alien qui tape avec ses dix doigts.
Générations analogiques avec leurs ramifications cérébrales propres,
leurs expériences et connaissances en trois dimensions. Cette discussion
me fit me sentir seule, je voulais y participer, je voulais que ces
explosions de rage arrivent plus souvent, je voulais voir plus de
personnes armées de boule de pétanque détruire les Iphones de toutes les
*boutiques Apple* [^4].
Il faudrait que nous ayons d'autres technologies, meilleures que ce que
nous appelons aujourd'hui « les technologies de l'information et de la
communication »(TIC). Un téléphone portable qui est un ordinateur, un
ordinateur obsolète, des tablettes aux écrans noirs, des montres
connectées à Internet qui prennent des mesures quand tu cours, quand tu
as tes règles et quand tu fais l'amour. Des dispositifs peuplés par des
*applis* et des « services » qui n'en ont rien à faire de nous. «Vive le
mal, vive le capital ». La Bruja Avería [^5] comme incarnation du
syndrome de Cassandre. [^6]
Il faut se confronter aux discussions qui tendent au niveau zéro de
compréhension quant au caractère effrayant d'un futur où les machines
auraient atteint leur singularité [^7]. Lutter contre les arguments
utilisés dans nos communautés et collectifs ; par des amis ; dans des
réseaux de confiance ; dans les parcs, les cantines et les écoles ; dans
les services sociaux et les hôpitaux: « *c'est tellement pratique et
facile* », « *pas le choix* », « *je n'ai rien à cacher* » ou encore, «
*qu'importe s'ils nous contrôlent, tout est foutu de toute manière* ».
Le manque d'originalité alimente les lieux communs nés des récits
néolibéraux qui accompagnent chaque nouvelle technologie commerciale et
qui colonisent nos esprits et nos désirs.
Il nous faut parler beaucoup plus, ici et maintenant, des conséquences
psychologiques, sociales, politiques, écologiques et économiques de ces
technologies. Nous ne parlons pas de la liberté de faire des *selfies*
dans les centres commerciaux de Google, Amazon [^8], Facebook, Microsoft
et Apple, ni de mettre une photo de plus sur un compte *instasheet* .
Nous parlons de la répression, du contrôle, de la surveillance, de la
quantification, la « discrétisation » de la vie et des ressources. Pour
avoir ce débat, nous en appelons aux personnes qu'on doit exploiter,
amener à la folie ou le suicide [^9], voire tuer dans les féminicides des
frontières et des zones économiques spéciales, pour alimenter un
écosystème technologique global dystopique.
La souveraineté technologique (ST) qui nous plaît c'est celle qui pense,
développe, distribue et rêve des technologies qui apportent du bien-être
et du bien vivre, celle qui ne perpétue ni ne crée d'injustice. Une
nouvelle version de la révolution éthique et politique post souveraineté
alimentaire pour créer et consommer des produits issus d'un commerce
juste et de proximité. Ce qu'il y a à apprendre de cette analogie,
souveraineté alimentaire vs. souveraineté technologique, c'est ce dont
nous avons parlé dans le premier tome[^10].
Dans ce deuxième dossier, nous continuons à donner des exemples de la ST
comprise comme fiction spéculative appliquée et située qui provoque des
transformations sociales et politiques. Les différentes contributions
exposent les tensions inhérentes qui existent entre autonomie et
souveraineté, contribution et longévité, appropriation du capitalisme et
devenir, technologies appropriées et féministes.
En chemin, nous avons perdu deux contributions importantes.
Un article sur l'autogestion ex-centrique de la santé, la décolonisation
des corps et le champ d'expérimentation autour des technologies de la
santé, la sexualité et les soins: la ST ne peut pas seulement être
*software* ou *hardware* , elle est aussi *wetware* en tant qu'espace de
résistance [^11] face à l'empire pharmaco-medico-industriel.
Nous voulions aussi nous plonger dans l'histoire peu connue de quelques
visionnaires de la ST. A partir de leur curiosité et de leur rébellion,
ils ont amené Internet jusqu'à un point où on ne voulait pas qu'ils
aillent, pour défier l'état d'apartheid grâce au renforcement des
communications clandestines, et montrer ainsi qu'on peut créer de belles
technologies adaptées à leur environnement. Voja Antonic [^12]
(Yougoslavie), Roberto Verzola [^13] (Philipinnes), Onno Purb [^14]
(Indonésie) et Tim Jenkin [^15] (Afrique du sud) se sont montrés très
généreux pour partager leurs expériences, motivations et inspirations.
Et celles-ci nous ont montré que la ST est faite de couches, de
filiations et d'imaginaires variés.
Au niveau de l'évolution du panorama de la ST, depuis le dernier
dossier, nous soulignons la chose suivante:
« Aujourd'hui, tout le monde utilise du code libre, y compris plusieurs
entreprises listées dans Fortune 500. Partager, au lieu de créer du code
propriétaire, revient moins cher, est plus facile et plus efficace
\[...\]. La majorité d'entre nous considère naturelle l'ouverture d'une
application logiciel, de la même manière que nous prenons pour argent
comptant les lumières qui s'allument. Nous ne pensons pas au capital
humain nécessaire pour que cela en soit ainsi. »[^16]
Cette recherche intitulée *Carreteras y Puentes* [^17] (*Routes et
Ponts,* en français) analyse la façon dont les grandes entreprises
tirent profit des communs numériques sans rien apporter, ou très peu, en
échange.
Dans le précédent tome, nous avions déjà dit que faire partie du monde
du logiciel libre/code ouvert n'était pas suffisant pour prendre part à
la ST. De même, faire partie de la ST ne veut pas forcement dire que
toutes les personnes travaillent ensemble au développement de
technologies émancipatrices. Les initiatives de ST ont aussi besoin de
communautés plus durables et justes au sein desquelles tous les
participants peuvent travailler depuis la diversité et l'inclusion,
ainsi que depuis la compréhension de leurs privilèges et rôles de
pouvoir.
*Coconut Revolution [^18] et L'écologie de la liberté*, de Murray
Bookchin nous rappellent que les technologies appropriées sont celles
qui se développent dans une communauté qui choisit le niveau – ou le
degré de technologie – nécessaire, et qui prend en compte les manières et
les processus de développement pour pouvoir aller vers des technologies
émancipatrices.
A ces ambitions, nous ajoutons les nouveaux contextes dans lesquels le
concept de ST s'est popularisé. Par exemple, en France, l'association
Framasoft développe un plan d'action ambitieux pour *degoogliser* [^19]
Internet et son livre *Numérique, reprenons le contrôle *raconte des
pratiques de résistance qui associent la souveraineté, l'autonomie et de
nouvelles formes de collaboration. En Catalogne, on compte sur les
congrès de Souveraineté Technologique [^20], l'Anti Mobile Congress [^21]
et le Social Mobile Congress [^22]. Ce sont des événements qui génèrent
de la conscience et des réseaux d'action pour développer des
technologies à partir d'autres paradigmes.
Le concept de ST a aussi été repris par quelques institutions publiques
liées aux « mairies rebelles » [^23]. Promouvoir des formats hybrides
public-société civile qui donnent leur appui aux initiatives de ST
pourrait faire sauter certaines barrières ou être un motif de
satisfaction.
Imaginons qu'il se libère de l'argent public pour maintenir nos
infrastructures numériques et ainsi offrir, par exemple, des services
alternatifs à Google inscrits dans une perspective non marchande, en
hébergeant les données de manière décentralisée dans des architectures
qui incluent le droit à la vie privée et le chiffrement par défaut. Cela
pourrait être une ligne d'action possible où le public et le civil
pourraient s'entraider.
Pour cela, il faudrait soutenir davantage les petites et moyennes
communautés qui développent des technologies appropriées et de la ST
afin qu'elles puissent continuer à fournir des technologies dont ces
territoires et ces communautés ont besoin. Des technologies belles et
singulières comme des papillons multicolores. Le travail réalisé par
l'Atelier Paysan [^24], un réseau d'agriculteurs qui travaille depuis des
années sur la construction de machines agricoles basées sur l'échange de
plans et de savoirs, en est un bon exemple.
Dans n'importe quel cas de figure, pour que ces alliances fonctionnent,
les institutions doivent perdre la condescendance qu'elles manifestent
envers les petites initiatives qui développent de la ST depuis la base
et pour la base. Pour atteindre la ST, il nous faudra impliquer et
mobiliser tous les niveaux: le micro, l'intermédiaire et le macro.
Ce qui s'annonce n'a pas franchement belle allure et c'est pour cela que
nous croyons que la ST peut nous aider a contrecarrer l'individualisme
fomenté par le capitalisme global.
Que personne ne se sente seul-e. Que personne ne sente qu'il-elle
traverse tout ça seul-e. Les ami-es ont de plus en plus peur, il y a
chaque fois plus d'angoisses, les espaces de liberté se réduisent. Et en
même temps, des personnes déconnectées se retrouvent, dans des lieux
gris et froids, pour apporter leur soutien à une initiative pour une
informatique de proximité. Ces personnes veulent comprendre ce qu'il se
passe, s'asseoir avec nous et parler de technologies, partager leur
expérience, poser des questions, exorciser leurs craintes. Et cela se
passe dans plein d'endroits.
Il y a de plus en plus de demandes pour trouver des manières de dépasser
les violences connectées. On m'a supprimé ma page, on a censuré mes
contenus, on m'a harcelé-e, insulté-e, on m'a fait du chantage... Les
attaques sont incessantes, ennuyeuses, dangereuses, créatives. Sur
Internet, la liberté d'expression a disparue, il n'y a plus que des
degrés de privilèges qui permettent de crier plus ou moins fort.
Nous nous faisions cette réflexion il y a quelques mois, avec de chères
camarades, lorsque nous réfléchissions à comment aborder ensemble le
sujet des technologies appropriées en tant qu'écho de cet horizon
utopique vers lequel nous voulons aller. Nous avons toujours envie
d'aller dans ce pays où l'on parle des langues inconnues, où l'on
utilise des mots inexistants et une grammaire bancale.
Il est important de pouvoir nommer ces phénomènes qui ne sont pas encore
présents entre nous mais qui nous préfigurent, et souvent, nous
transfigurent. Nos récits deviennent fictions spéculatives, et ils
créent des idées et des *mèmes* qui voyagent dans le temps et l'espace
pour devenir l'écosystème technologique alternatif dans lequel nous
n'avons pas à sacrifier nos droits fondamentaux. Liberté, vie privée,
sécurité, communication, information, expression, coopération,
solidarité, amour.
*« Une prophétie autoréalisatrice est une prédiction qui, une fois
lancée, est en elle-même la cause de son devenir réalité* [^25]. »
On nous alimente de futurs dystopiques: informations, séries, livres de
la société du spectacle. Ils nous traversent et nous paralysent, nous ne
voyons plus que des images floues de technologies gadgets. Le contexte
du futur de merde est déjà en place, et il implique que nous croyions
qu'il ne nous reste que la voie du sacrifice de nos libertés sur l'autel
de la machinerie technologique. Cette machinerie nous parle
d'innovation, de créativité et de participation pour améliorer sa
puissance. Et ce, en nous mesurant pour nous transformer en de petites
unité singulières appartenant à certains groupes sociaux dans des
matrices que plus personne ne comprend. Des algorithmes fermés font du
traitement de données dans des caisses noires propriétaires qui sont de
plus en plus influentes.
La dystopie est facile et sa perversité réside dans son manque
d'imagination, tout comme dans son potentiel pour créer de la culture et
des représentations du futur basées sur des *loops *négatifs: encore
plus de discrimination, plus de singularité des machines, plus
d'injustices basées sur des algorithmes, ce sont les nouvelles *armes de
destruction mathématique* [^26]. Le dystopique nous enferme dans une
boucle de cynisme gracieuse et dans la croyance que les technologies
sont ce qu'elles sont et que nous ne pouvons rien faire pour en avoir
d'autres. Ce sont des récits auto-prophétiques et il est plus que
probable que si nous appelons Terminator [^27], il finira par venir.
Internet se meurt, le *world wide web* se rétracte. Dans ma fiction
utopique auto-prophétique, il y a des mondes qui se reconnectent grâce
au spectre électromagnétique, aux ondes qui vibrent autour de nous et
qui font partie des biens communs. Les personnes repensent les
infrastructures technologiques dont elles ont besoin, elles les
développent, les analysent, les testent, les révisent, les transforment
et les améliorent.
Je me lève le matin, le smartphone ne dort plus à côté de moi, il n'y a
pas d'ondes wifi qui traversent ma maison. La machine à café et le
réfrigérateur sont libres de l'Internet des objets, ils ne se connectent
plus à Starfucks + Monsanto pour envoyer mes données de consommation.
Sur la table, il y a une tablette fabriquée pour durer toute une vie.
Tous les dispositifs sont chiffrés par défaut et proviennent d'une usine
locale situé à quelques kilomètres de là.
Il y a quelques années, des *biohackers* ont popularisé l'usage de
bactéries et d'oligoéléments pour stocker de l'information numérique. La
loi de Moore a été brisée. L'obsolescence programmée a été interdite.
Les cycles de guerre, de famine et d'injustice générés par l'extraction
des ressources minières, tout comme la production massive de
technologies, ont peu a peu disparu. A l'école, nous nous générons des
clés de chiffrement: en primaire, on utilise des technologies démodées
comme GPG, et plus tard, on utilise des processus basés sur l'analyse de
notre empreinte sonore pendant l'orgasme.
Je suis capable de configurer mon propre agent algorithmique pour qu'il
partage mes données uniquement avec qui je le souhaite. Les amies de mes
amies forment un réseau de réseaux de confiance et d'affinités ; les
idées, les ressources et les besoins se couvrent souvent entre toutes.
J'active mes capteurs éoliens de lumière et d'eau pour générer toute
l’ énergie propre que je peux. Ce style de vie me demande d'être de longs
moments loin de l'écran ; je ne suis pas en permanence connectée car
plus personne ne donne trop d'importance aux technologies. Elles sont
revenues à la place qu'elles n'auraient jamais dû quitter.
Il y a tant de mondes à créer. Pour faire tomber le capitalisme
aliénant, il faut pouvoir imaginer des futurs qui ne soient pas
dystopiques, des futurs où jouer à construire nos technologies
appropriées soit commun et heureusement banal.
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[^1]: Atelier d'écriture spéculative sur les technologies féministes, organisé par Cooptecniques pendant l'édition 2017 de Hack the Earth à Calafou (http://cooptecniques.net/taller-de-escritura-especulativa-tecnologias-feministas/)
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[^2]: Octavia's Brood: Science Fiction Stories from Social Justice Movements, Walidah Imarisha, adrienne maree brown
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[^3]: Sal de la maquina. Superar la adicción a las nuevas tecnologías, Sergio Legaz, auteur et Miguel Brieva, dessinateur et membre du conseil éditorial de Libros en acción.
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[^4]: https://www.youtube.com/watch?v=vNWAFApQDIc
[^5]: La Bruja Avería est un personnage appartenant à l'émission pour enfants La Bola De Cristal, qui a été diffusée dans les années 80. Ce personnage, joué par l'actrice Matilde Conesa, était un être maléfique qui voulait faire exploser les autres électroduendes. Voir :https://www.youtube.com/watch?v=RnOBdhi3hnE
[^6]: https://www.youtube.com/watch?v=0jFpPN2xmSI
[^7]: https://es.wikipedia.org/wiki/Singularidad\_tecnol%C3%B3gica
[^8]: Amazonians speak about .amazon, https://bestbits.net/amazon/
[^9]: Foxconn, The Machine is Your Lord and Your Master, https://agone.org/centmillesignes/lamachineesttonseigneurettonmaitre/
[^10]: https://www.plateforme-echange.org/IMG/pdf/dossier-st-fr-2014-07-05.pdf
[^11]: ttps://gynepunk.hotglue.me/
[^12]: https://en.wikipedia.org/wiki/Voja\_Antoni%C4%87
https://archive.org/details/20140418VojaAntonicTalkHackTheBiblioCalafou
https://hackaday.io/projects/hacker/65061
https://twitter.com/voja\_antonic?lang=es
[^13]: https://rverzola.wordpress.com
https://wiki.p2pfoundation.net/Roberto\_Verzola
[^14]:
http://www.eldiario.es/hojaderouter/internet/Onno\_W-\_Purbo-wokbolic-wajanbolic-internet-wifi\_0\_520048966.html
https://twitter.com/onnowpurbo
https://www.youtube.com/watch?v=b\_7c\_XDmySw - Wokbolik, what's
that?
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[^15]: Talking to Vula: The Story of the Secret Underground Communications Network of Operation Vula, Tim Jenkin, 1995. The Vula Connection: Film documentary about the story of Operation Vula , 2014: [https://www.youtube.com/watch?v=zSOTVfNe54A ](https://www.youtube.com/watch?v=zSOTVfNe54A )
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Escape from Pretoria https://www.youtube.com/watch?v=0WyeAaYjlxE
[^16]: «Today, everybody uses open source code, including Fortune 500 companies, government, major software companies and startups. Sharing, rather than building proprietary code, turned out to be cheaper, easier, and more efficient. This increased demand puts additional strain on those who maintain this infrastructure, yet because these communities are not highly visible, the rest of the world has been slow to notice. Most of us take opening a software application for granted, the way we take turning on the lights for granted. We don’ t think about the human capital necessary to make that happen. In the face of unprecedented demand, the costs of not supporting our digital infrastructure are numerous.»
[^17]: https://fordfoundcontent.blob.core.windows.net/media/2976/roads-and-bridges-the-unseen-labor-behind-our-digital-infrastructure.pdf
[^18]: https://en.wikipedia.org/wiki/The\_Coconut\_Revolution
[^19]: https://degooglisons-internet.org
[^20]: http://sobtec.cat/
[^21]: http://antimwc.alscarrers.org/
[^22]: http://www.setem.org/blog/cat/catalunya/mobile-social-congress-2017-28-de-febrer-i-1-de-marc
[^23]: https://bits.city/
[^24]: http://latelierpaysan.org/Plans-et-Tutoriels
[^25]: https://fr.wikipedia.org/wiki/Proph%C3%A9tie\_autor%C3%A9alisatrice
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[^26]: Weapons of Math Destruction: How Big Data Increases Inequality and Threatens Democracy, Cathy O'Neil, 2016.
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[^27]: http://terminatorstudies.org/map/