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# Décentralisation et réseaux sociaux
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***Hellekin***
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Encore largement inconnu du public il y a deux décennies, le terme de « réseau
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social » apparaît aujourd'hui comme une innovation du *Web
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2.0* [^1]. Toutefois il s'agit d'un concept
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bien antérieur au phénomène de concentration mercantile des instruments dédiés
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aux réseaux sociaux. En 1933, le sociologue Jacob Levy
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Moreno [^2] introduisit le sociogramme, une
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représentation graphique des relations interpersonnelles où chaque nœud est un
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individu et chaque lien une relation sociale. Le terme de « réseau social »
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apparut pour la première fois en 1954 dans un article du professeur John
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Arundel Barnes [^3], concluant son étude des
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relations sociales dans un village de pêcheurs Norvégiens.
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Howard Rheingold [^4], pionnier des
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communautés virtuelles et chroniqueur visionnaire des changements sociaux liés
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à l'évolution des technologies de l'information et de la communication
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souligne comment « *certaines personnes confondent les réseaux sociaux, qui
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sont l’agrégat des relations humaines, avec les services en ligne pour les
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réseaux sociaux tels Facebook et, sans doute, G+ *». Une telle confusion
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établit le service comme origine du réseau social, même si son rôle se limite
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au-mieux à en faciliter l'émergence.
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### Réseau centralisé, décentralisé, distribué ?
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Ces concepts ont évolués depuis l'article de Paul
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Baran [^5] consacré aux diverses topologies
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de réseaux de communication [^6]. Les
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caractérisations suivantes en offrent une vue plus sociale que technique.
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On dit qu'un réseau est centralisé lorsque son intégrité dépend d'un acteur
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sans lequel le réseau ne fonctionne pas. Une telle architecture offre de
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nombreux avantages pour l'intégration verticale des services, notamment en
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raison du pôle de décision unique et de l'uniformité de la solution
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technique. Ce modèle combine simplicité d'utilisation, facilité de
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développement et stabilité du système; en revanche il impose une position
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unique du prestataire de service lui permettant d'observer ses utilisateurs et
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analyser leur comportement. Il offre donc peu ou prou de protection ou de
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considération pour le droit à la privauté de ses utilisateurs.
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Un réseau décentralisé ne dépend pas d'un pôle unique de décision, mais chaque
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membre du réseau n'est pas nécessairement autonome, et peut dépendre de la
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disponibilité d'un serveur qui le relie au reste du réseau; la fédération est
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le modèle typique du réseau décentralisé, tels le courrier électronique ou les
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réseaux de *chat [^7]*. Ce modèle est parfait
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pour des organisations qui peuvent maintenir leur propres infrastructures de
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communication et préfèrent contrôler leurs communications. Mais il présente la
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même problématique qu'un réseau centralisé concernant le rôle de
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l'intermédiaire-tout-puissant (en termes de sécurité informatique, le « *man
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in the middle* »).
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Lorsque chaque nœud du réseau décentralisé est autonome, on parle de réseau
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distribué: c'est le modèle de pair-à-pair (P2P) comme
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Bittorrent [^8],
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GNUnet [^9],
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Tor [^10],
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I2P [^11],
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cjdns [^12] ou
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Bitcoin [^13]. Ce modèle est le plus robuste
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face à l'agression d'un pouvoir centralisé (observation, censure,
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manipulation), car il n'offre pas de prise directe ni de cible particulière,
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il ne dispose pas de « point unique de défaillance » contrairement aux modèles
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sus-cités. En revanche sa réalisation est bien plus difficile qu'un service
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centralisé, notamment en raison de l'hétérogénéité et la complexité de
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l'environnement.
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Ces architectures ne sont cependant pas forcément
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opposées [^14]. La contradiction entre elles
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réside plutôt dans la décision de protéger la privauté des utilisateurs ou au
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contraire établir leur surveillance. L'approche dominant actuellement les
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instruments pour les réseaux sociaux dépend radicalement de la surveillance
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des utilisateurs et par conséquent recherche une architecture centralisée et
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propriétaire, favorable à leur contrôle.
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Il ne faut pas non-plus confondre la capacité « d'exporter » des données avec
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leur « portabilité » ni leur disponibilité. L'exportation de données d'un
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service ou d'une application fonctionne le plus souvent en cercle
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fermé. Aliénées de leur contexte, ces données exportées ne sont plus qu'un tas
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de fichiers inertes car c'est leur inscription au sein d'un contexte social
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qui leur donne vie (leur connexion avec des données similaires ou relatives,
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les commentaires d'autres utilisateurs, l'enrichissement des connaissances par
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la conversation incessante génèrent une interdépendance entre des sources
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diverses.)
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Ainsi, au-delà d'un découpage technique souvent abstrait et incomplet
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considérant seulement un aspect formel du réseau, il convient de reconnaître
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les fondements et la complexité des conséquences éthiques, sociales,
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politiques et économiques des technologies qui supportent la sociabilité des
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individus et des collectivités.
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### Que faire?: **Logiciel libre et réseaux libres**
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L'Apocalypse selon Snowden (ses révélations fracassantes sur la NSA) confirme
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ce que les programmeurs de logiciel libre martèlent depuis 30
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ans [^15]. Pour considérer la sûreté d'un
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système il est impératif que celui-ci soit observable. Un système
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non-vérifiable est en effet par définition un simple acte de foi en son
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créateur comme prévenait déjà très justement Ken Thompson en
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1984 [^16]. Un système informatique dont on
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ne peut pas étudier le code source ne peut donc pas être considéré comme
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sécurisé [^17].
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Le logiciel libre [^18], au sens donné par
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la *Free Software Foundation [^19]* et le
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projet GNU [^20], signifie que son
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utilisateur dispose de quatre libertés fondamentales: 0) utiliser le logiciel
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selon sa propre volonté ; 1) étudier le fonctionnement du logiciel (à travers
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son code source) ; 2) partager le logiciel librement, y compris le
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commercialiser ; 3) modifier le logiciel selon ses propres besoins et
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distribuer ces modifications librement. Ces quatre libertés fondamentales
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permettent à l'utilisateur l'appropriation libre des logiciels, c'est-à-dire
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leur contrôle ; cela favorise ainsi l'évaluation du code entre pairs, au même
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titre que les travaux scientifiques. Il s'agit donc de logiciel éminemment
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politique, développé dans le sens de l'intérêt général.
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Le champ du logiciel libre offrant des alternatives aux plate-formes
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propriétaires reste encore largement expérimental. Mais son effervescence
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montre la viabilité de pouvoir compter sur des outils de gestion des réseaux
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sociaux qui ne soient ni propriétaires ni liberticides. Qu'elles soient
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héritées du Web, et orientées vers une décentralisation fédérée, ou bien
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héritées du pair-à-pair (P2P), visant un modèle plus distribué entre nœuds
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autonomes, ces initiatives s'opposent par définition à la surveillance des
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utilisateurs et encouragent leur liberté.
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Le projet GNU consensus [^21] vise à
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favoriser et coordonner le développement de logiciel libre à caractère
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social. Considérant qu'une entité
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hostile [^22] participe activement au
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réseau, le projet recommande que chaque nœud du réseau puisse se prémunir
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contre cette menace, et protéger également ses correspondants légitimes. Dans
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ce cadre, la plupart des alternatives actuellement disponibles offrent peu de
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protection contre les attaquants les plus sophistiqués. Cependant, elles
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permettent une transition nécessaire depuis les plate-formes propriétaires qui
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elles, sont compromises par définition, puisqu'elles participent de la
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surveillance globale.
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Le chiffrement systématique des données et la protection du graphe social (les
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interactions sociales de chacun) forment partie des éléments nécessaires à une
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alternative solide et viable. GNU consensus promeut l'adoption à long terme de
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la plate-forme de pair-à-pair GNUnet [^23],
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et son complément pour les réseaux sociaux nommée
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Secushare [^24], encore en phase de
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recherche.
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En attendant la disponibilité de GNUnet pour le grand public, le projet
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s'attache aussi à identifier les solutions susceptibles de faciliter l'exode
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des usagers de services propriétaires vers des solutions libres. Il faut
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noter que si ce projet considère GNUnet comme la référence vers laquelle
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tendre, il n'exclut pas la diversité des approches. Ainsi, le projet promeut
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également des logiciels qui offrent une solution partielle et tente
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d'identifier leurs limitations et reconnaître leurs avantages.
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La section suivante offre une vue partielle des problématiques envisagées et
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des solutions alternatives possibles. Le site du projet GNU consensus offre
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une vue plus élaborée et actuelle. Le lecteur peut également se référer à la
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liste collaborative maintenue sur le site de Prism
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Break [^25] qui offre une correspondance
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entre les applications et services propriétaires et les alternatives libres
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correspondantes.
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### Problématiques et alternatives émancipatrices
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**Publication** La forme la plus courante de publication personnelle reste le
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blog, et les commentaires tissent des conversations riches au sein de
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la « blogosphère » ; le wiki offre également une forme de publication
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collective dont l'aspect social est plus discret. Cependant ces deux formes
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concernent des communautés plutôt spécialisées et littéraires. D'autre part
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elles concernent principalement des interactions publiques.
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**Exhibition et rumeur** Facebook est l'exemple le plus connu pour le partage
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de ses expériences sociales. Twitter a su combiner la brièveté des SMS avec le
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Web pour créer l'un des services les plus populaires et addictifs du
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Web. Google+ offre un intermédiaire entre les deux...
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La « monétisation » des profils et l'appropriation mercantile des contenus
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dépend de la propension des utilisateurs à s'exposer eux-mêmes à la machine de
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surveillance en troquant un avantage perçu contre une soumission trop
|
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abstraite, oublieux des conséquences: exhibitionnisme à outrance, délation
|
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banalisée, mise en esclavage volontaire, diversion du capital social vers des
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||
circuits capitalistes superflus. Les conséquences de l'amplification des
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conversations au-delà des simples prémisses du « que fais-tu en ce moment ? »
|
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permet la capture d'une grande part de la sociabilité des réseaux à tel point
|
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que nombre des utilisateurs de Facebook confondent aujourd'hui le service avec
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« l'Internet ».
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Les « clones de Twitter » restent largement incompatibles avec l'original
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selon la volonté politique de l'entreprise, mais travaillent à
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l'interopérabilité: parmi eux on trouve GNU
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social [^26],
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Friendica [^27],
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||
Pump.io [^28]. Une solution distribuée
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utilisant la même technologie que Bitcoin est également en phase
|
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expérimentale: Twister. [^29]
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**Conversation et organisation collective** La plupart des solutions
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alternatives existantes se présentent sous forme de silos incompatibles entre
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eux. Ces solutions dépassent cependant le motif de la logorrhée pour proposer
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des moyens d'organisation collective. On peut citer parmi elles
|
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Elgg [^30] et
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Lorea [^31],
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Crabgrass [^32],
|
||
Drupal [^33], et le Web
|
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Indépendant [^34] qui fait figure à la fois
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de pionnier dans la définition et l'adoption des standards du Web Sémantique
|
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et de résistant à la tendance centralisatrice des marchands.
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**Téléphonie et vidéoconférence** Skype est passé, depuis son rachat par
|
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Microsoft, dans l'escarcelle des collaborateurs directs de la NSA. Google
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Hangouts n'est accessible qu'aux utilisateurs de Google. Dans les deux cas, on
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pourra utiliser avantageusement l'alternative de
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Jit.si [^35], ou attendre l'arrivée du
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||
Project Tox [^36].
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**Messagerie** Le courrier électronique reste l'une des applications les plus
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répandues. L'usage de GnuPG permet de chiffrer les messages mais ne protège
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pas la source, le destinataire, ni le sujet du message (le projet
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LEAP [^37] cherche à solutionner cet
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aspect.) La domination de Google sur ce service avec Gmail et GoogleGroups
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réduit considérablement son aspect fédératif. En attendant d'utiliser des
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solutions spécialisées comme Pond [^38],
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I2P-Bote [^39], ou BitMessage, il est
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recommandé d'utiliser un service de courriel autonome favorisant la privauté,
|
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tel Riseup [^40] ou
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Autistici [^41], ou monter son propre
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serveur.
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|
||
**Partage de vidéos** La suprématie de Youtube (encore Google) en la matière
|
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laisse tout ses concurrents loin derrière. Étant donné l'énorme infrastructure
|
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nécessaire pour le traitement et l'envoi de fichiers vidéos, ce service n'a
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que peu d'alternatives.
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||
GNU MediaGoblin [^42] permet à un site de
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gérer ses médias et supporte les formats libres de vidéo. Un nouveau projet,
|
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Wetube, promet d'innover et remplacer Youtube par un réseau distribué
|
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utilisant une approche similaire à Twister basée sur une chaîne de blocs, et
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offrir aux participants la carotte d'une rémunération correspondant à la bande
|
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passante partagée.
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**Partage de musique** La référence propriétaire reste SoundCloud. Il semble y
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avoir peu d'intérêt pour fournir une alternative libre à ce service. GNU
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MediaGoblin supporte aussi les fichiers audios et pourrait tenir ce rôle. Les
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||
amateurs de musique, eux, peuvent utiliser Bittorrent en faisant attention de
|
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télécharger des torrents légaux et d'éliminer de leurs connexions les nœuds
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spécialisés dans la chasse aux internautes ou la dissémination de pourriciel
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grâce à des listes de blocage (*blocklists*).
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### Autres exemples pertinents pour imaginer de futures applications et implications
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**Applications statiques** Le projet
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UnHosted [^43] propose de renouer avec la
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décentralisation des applications Web en séparant l’exécution du code des
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données affectées. Celles-ci restent sous le contrôle de l'utilisateur, et les
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applications sont exécutées dans le navigateur et non sur un serveur.
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**Partage de code** Github offre un contre-exemple de service propriétaire
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social. Sa contribution au monde du logiciel libre montre qu'il est possible
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de trouver une niche dont l'exploitation commerciale ne passe ni par la
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commercialisation des données des utilisateurs ni par aucune restriction à
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leur liberté. Il dispose cependant de deux concurrents sérieux, Gitlab et
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Gitorious, et il existe même une version P2P, Gitbucket. Le code source de
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Gitlab et Gitbucket est disponible sur Github ! Le modèle de Github peut
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servir d'inspiration pour « le communisme entrepreneurial » proposé par Dmytri
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Kleiner [^44].
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**Jeux vidéos en ligne massivement partagés** Les
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MMORPGs [^45] sont aussi des lieux de
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rencontre et de sociabilité. S'il est plus simple de converser des choses de
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la vie sur Second Life, les relations sociales fleurissent sur World of
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Warcraft ou MineCraft. Il reste que ces mondes virtuels génèrent une économie
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et une frange de société premier-monde qui leur sont propres. Ce sont des
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lieux où l'anonymat n'est pas un problème, mais presque une obligation: qui
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veut savoir que le grand mage Krakotaur passait sa jeunesse à perforer des
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cartes pour le donner à manger à un ordinateur de la taille d'un hall de
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palace ? Si le cœur vous en dit, vous pouvez toujours rejoindre
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PlaneShift [^46] ou les univers de
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développement de CrystalSpace [^47] pour
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imaginer l'avenir des jeux immersifs libres.
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### Conclusions
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Le grand défi des réseaux libres rejoint celui du logiciel libre: celui de
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l'autonomie et de sa pérennité. Le soutien financier des développements d'une
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part, et le marketing des solutions d'autre part se trouvent au cœur des
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problématiques qui limitent leur autonomie. L'infrastructure nécessaire à la
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libération des citoyens internautes doit prioritairement venir des
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utilisateurs eux-mêmes. Elle peut devenir autonome pour autant que ses
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utilisateurs la prennent en charge, comme ils prennent en charge d'autres
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ressources nécessaires à la préservation de la communauté. Le développement
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durable et la disponibilité d'une infrastructure publique et sociale de
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communication ne peut émerger que si la souveraineté technologique est perçue
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comme un bien commun par une masse critique de participants.
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L'omniprésence du tout-gratuit cache les capitaux colossaux investis par les
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entreprises pour capturer leurs audiences. Le tout-gratuit est une manière de
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tuer la compétition dans l'œuf: car seuls peuvent participer à ce jeu ceux qui
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disposent déjà de larges réserves financières. Pourtant, après les
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révélations de Snowden exposant l'étendue de la surveillance globale, on peut
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voir certaines conséquences dans l'évolution des habitudes d'usage des outils
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de recherche [^48] ou dans le renouveau
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d'attention portée par certaines institutions aux alternatives logicielles
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libres. Cette tendance doit s'accompagner d'une prise de position de la part
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des utilisateurs eux-mêmes dans leurs choix technologiques, matériels et
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logiciels, et dans leur décision de supporter les efforts de développements
|
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alternatifs.
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La campagne annuelle de financement de Wikipedia annonce que si chaque
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personne lisant son annonce contribuait seulement trois dollars, elle serait
|
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terminée en deux heures ! C'est cette réalisation de la puissance des grands
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nombres qu'il nous faut rencontrer pour achever une vision démocratique de
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l'Internet libre et public. Si le citoyen pris dans son isolement d'individu
|
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ne dispose généralement pas de larges sommes, des campagnes de *crowdfunding*
|
||
(financement par la foule) permettent de capitaliser instantanément les fonds
|
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nécessaires à une entreprise donnée.
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||
Le *crowdfunding* reste cependant une forme d'allocation des ressources qui
|
||
appartient à la consommation: le « financeur » est un fait un acheteur qui
|
||
paie par avance le produit qui lui est proposé. Au contraire, une telle
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||
campagne devrait être un investissement afin de renforcer l'infrastructure
|
||
publique générée. C'est l'argument développé par Dmytri Kleiner dans le
|
||
Manifeste Télécommuniste. Chaque communauté devrait pouvoir gérer son propre
|
||
investissement, comme le proposait déjà en 2009 le projet Lorea.
|
||
|
||
Certes les choix des technologies à supporter dépend d'une élite apte à
|
||
l'analyse technique, et les innovations scientifiques sont permanentes. Mais
|
||
le choix éthique ne dépend pas de la compétence technique. Si les techniciens
|
||
connaissent l'orientation éthique d'une communauté, ils devraient être
|
||
capables de la prendre en compte dans leur analyse. La surveillance globale
|
||
est apparue parce qu'elle est techniquement possible, et parce que ce choix
|
||
technique s'est effectué sans restriction éthique ni légale, en toute
|
||
impunité.
|
||
|
||
Logiciel libre, services décentralisés, distribués, reproductibles et
|
||
communautaires, nœuds autonomes, participation et investissement sont les clés
|
||
d'une infrastructure de communication publique, durable et saine, susceptible
|
||
non-seulement de préserver la vie privée des citoyens, protéger la liberté des
|
||
individus et des peuples en lutte contre des régimes totalitaires, sinon
|
||
également de fournir les bases de la démocratie du XXI^ème^ siècle pour
|
||
adresser ensemble, dans la pluralité et la diversité des situations
|
||
individuelles et collectives, les immenses problématiques planétaires
|
||
auxquelles nous sommes tous confrontés. L'avenir des réseaux sociaux commence
|
||
à leur source: c'est-à-dire nous-mêmes.
|
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||
|
||
**Hellekin:** Responsable officiel du projet GNU consensus. Développeur à
|
||
temps perdu, activiste à temps plein, il navigue sur les réseaux et les
|
||
continents à la recherche de solutions pour l'émancipation et le bien-être de
|
||
l'espèce humaine suivant ses idéaux libertaires. Depuis sa base en Amérique
|
||
Latine, il contribue à forger une infrastructure publique et communautaire des
|
||
réseaux de communication électroniques pour défendre et valoriser les
|
||
initiatives locales et décentralisées. GnuPG: 0x386361391CA24A13
|
||
|
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|
||
|
||
[^10]: https://fr.wikipedia.org/wiki/Tor_!%28r%C3%A9seau%29
|
||
|
||
[^11]: https://fr.wikipedia.org/wiki/I2P
|
||
|
||
[^12]: http://cjdns.info/
|
||
|
||
[^13]: https://fr.wikipedia.org/wiki/Bitcoin
|
||
|
||
[^14]: Un service centralisé fait souvent usage de la distribution au sein de sa propre infrastructure pour en assurer l'extensibilité à grande échelle.
|
||
|
||
[^15]: La FSF fête en 2014 le trentième anniversaire de sa création.
|
||
|
||
[^16]: Thompson, Ken (1984) “*Reflections on Trusting Trust*”, URL: http://cm.bell-labs.com/who/ken/trust.html (Noter l'usage tendencieux du terme 'hacker' dans son acception maligne, et comment ces réflexions s'appliquent aujourd'hui aux abus des agences de renseignement.)
|
||
|
||
[^17]: La complicité des géants du logiciel propriétaire dans la surveillance globale effectuée par la NSA devrait rendre ce point tout à fait indubitable.
|
||
|
||
[^18]: Stallman, Richard (1996), “Qu'est-ce que le logiciel libre ?”, URL: https://gnu.org/philosophy/free-sw.fr.html
|
||
|
||
[^19]: http://www.fsffrance.org/
|
||
|
||
[^1]:Le Web 2.0 est un concept marchand inventé pour qualifier l'apparition de sites interactifs à caractère social. Le « 2.0 » ne représente ici aucun caractère technique, mais recherche l'empreinte de l'obsolescence de l'existant, c'est-à-dire le Web original, pair-à-pair et décentralisé.
|
||
|
||
[^20]: https://gnu.org/home.fr.html
|
||
|
||
[^21]: https://gnu.org/consensus
|
||
|
||
[^22]: Hors-la-loi: criminels et spameurs, agences de renseignement, corporations et gouvernements totalitaires, etc.
|
||
|
||
[^23]: https://gnunet.org/
|
||
|
||
[^24]: http://secushare.org/
|
||
|
||
[^25]: http://prism-break.org/fr/
|
||
|
||
[^26]: https://gnu.org/s/social/
|
||
|
||
[^27]: http://friendica.com/
|
||
|
||
[^28]: http://pump.io/
|
||
|
||
[^29]: http://twister.net.co/
|
||
|
||
[^2]: https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacob_Levy_Moreno
|
||
|
||
[^30]: http://www.elgg.org/
|
||
|
||
[^31]: https://lorea.org/
|
||
|
||
[^32]: https://we.riseup.net/crabgrass
|
||
|
||
[^33]: https://drupal.org/
|
||
|
||
[^34]: http://indiewebcamp.com/
|
||
|
||
[^35]: http://jit.si/ pour le service, et http://jitsi.org/ pour le logiciel.
|
||
|
||
[^36]: http://tox.im/ vise le remplacement de Skype par une solution libre.
|
||
|
||
[^37]: https://leap.se/fr
|
||
|
||
[^38]: https://pond.imperialviolet.org/
|
||
|
||
[^39]: https://fr.wikipedia.org/wiki/I2P#Optionnelles
|
||
|
||
[^3]: Barnes, John (1954) “*Class and Committees in a Norwegian Island Parish*”, dans Human Relations, (7), pp 39-58.
|
||
|
||
[^40]: https://help.riseup.net/fr/email
|
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[^41]: http://www.autistici.org/fr/
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[^42]: https://gnu.org/s/mediagoblin
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[^43]: https://unhosted.org/
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[^44]: Kleiner, Dmytri (2010), “Le manifeste télécommuniste”, URL: http://telekommunisten.net/the-telekommunist-manifesto/ • http://translatedby.com/you/the-telekommunist-manifesto/into-fr/trans/
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[^45]: MMORPG: Massively Multiplayer Online Role Playing Games, ou jeux massivement multi-joueurs en ligne.
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[^46]: http://www.planeshift.it/
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[^47]: https://fr.wikipedia.org/wiki/Crystal_Space
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[^48]: StartPage, Ixquick et DuckDuckGo ont vu multipliée par 5 l'affluence à leurs moteurs de recherche suite aux différents articles parus notamment dans Der Spiegel et The Guardian en décembre 2013.
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[^4]: https://fr.wikipedia.org/wiki/Howard_Rheingold
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[^5]: https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Baran
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[^6]: Baran, Paul (1962) “*On Distributed Communications Networks*”, présenté lors du premier congrès des sciences des systèmes d'information, organisé par MITRE
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[^7]: Le « bavardage », rendu possible par le faible coût des communications numériques se pratique par exemple grâce aux protocoles *Internet Relay Chat* (IRC) et *eXtensible Messaging Presence Protocol* (XMPP), bien avant l'apparition d'applications propriétaires et restreintes comme MSN ou Facebook *chat*.
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[^8]: https://fr.wikipedia.org/wiki/BitTorrent_%28protocole%29
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[^9]: https://fr.wikipedia.org/wiki/GNUnet
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