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2017-12-20 00:01:01 +01:00
# Une graine germe lorsqu'on la sème dans une terre fertile
***Loreto Bravo***
C'est l'histoire de la téléphonie mobile autonome et communautaire des
peuples autochtones de Oaxaca, une techno-graine qui habite un
écosystème communal. Un pont éthico-politique entre la communauté
*hacker* du mouvement du logiciel libre et les communautés des peuples
autochtones de Oaxaca, dans le sud-est mexicain. Un dialogue entre le
concept de souveraineté technologique et les concepts d'autonomie et
d'auto-détermination, là où le bien commun et la décolonisation se
rencontrent. Une version de l'histoire du projet de téléphonie mobile et
communautaire qu'a impulsé le collectif Rhizomatica et qui aujourd'hui,
gère l'organisation Telecomunicaciones Indígenas Comunitarias A.C
(Télécommunications Autochtones Communautaire A.C).
Tout a commencé comme un rêve qui, en le nommant et en le partageant,
est devenu réalité
Je me souviens qu'il n' y a à peine cinq ans, quand nous parlions de
l'idée de créer un réseau de téléphonie mobile autonome et
communautaire, nos amis et amies, qui vivaient en ville, nous
regardaient avec incrédulité. Cependant, quand cette idée fut discutée
dans les montagnes de la Sierra Juarez, à Oaxaca, au sein d'une radio
communautaire, tout pris finalement un sens.
Toute histoire est un voyage dans le temps et dans l'espace, et le point
de départ de cette histoire est une grande affiche de bienvenue qui dit
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ceci:
Dans cette communauté il n'y a pas de propriété privée.
L'achat ou la vente de terrains communautaires sont INTERDITS.
Cordialement, signé le Commissaire des biens communaux de Ixtlan de Juárez
# Antécédents historiques de Oaxaca [^1], des peuples autochtones et de la « communalité »
Oaxaca est le cinquième État le plus grand du Mexique, avec une
population de 3,8 800 millions d'habitants, dont plus de la moitié vit
dans des localités rurales de moins de 2500 habitants. Des 2445
municipalités que compte le pays, 570 se trouvent sur le territoire de
Oaxaca, et 418 sont régies selon le système des us et coutumes [^2].
Cela veut dire qu'à Oaxaca, 58 % de la superficie totale du territoire,
est une propriété sociale de caractère communal. Dans ces localités, les
autorités sont sous l'égide de l'assemblée communautaire qui incarne un
exercice de démocratie directe et participative, et une forme
d'auto-gouvernement reconnu par la constitution politique
mexicaine. Seize peuples autochtones cohabitent dans cette région, ce
qui en fait l'État avec la plus grande diversité ethnique et
linguistique du pays.
Par ailleurs, Oaxaca est l'État avec la plus grande biodiversité, en
raison de sa géologie très complexe où se croise trois chaînes
montagneuses étendues et profondes : la Sierra Madre Occidental, la
Sierra Sur et la Sierra Norte, plus connue comme Sierra Juárez. Du fait
de cette géographie accidentée, les *conquistadors* européens n'ont pas
pu soumettre complètement ces peuples qui ont réussi à garder leurs
formes de gouvernement et qui, avec le temps, se sont adaptées et
reconfigurées au contexte actuel.
Au milieu des années 1960 et au début des années 1980, un mouvement
social issu des peuples autochtones de Oaxaca et du sud-est Mexicain vit
le jour, pour lutter contre les politiques de développement impulsées
par le gouvernement, et se défendre contre l'accaparement des terres, le
pillage des ressources et les déplacements forcées. Ce mouvement
demandait le respect de ses formes de vie, de ses langues et de sa
spiritualité. Ces peuples autochtones ont ainsi construit et défendu
l'autonomie, et créer le concept de « communalité » pour expliquer la
vie de ces localités et de ces peuples. Au cours de ces années, ils ont
mis en place leurs premières entreprises communautaires pour gérer les
ressources forestières, embouteiller l'eau des sources, monter des
projets d'écotourisme, commercialiser et exporter des produits
agricoles, en plus de créer une multitude de radios communautaires.
Aujourd'hui encore, ce mouvement social continue à lutter pour la
défense du territoire et contre les entreprises extractivistes minières
qui veulent entrer dans la région.
Ces luttes ont donné naissance à ce que l'anthropologue Elena Nava
appelle les « *théories analytiques natives construites depuis la
base* », à travers laquelle des penseurs autochtones comme Jaime
Martinez Luna (zapotèque) et Floriberto Díaz Gómez (mixe) ont essayé de
comprendre la vie en communauté, en allant plus loin que les définitions
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académiques occidentales. Ces penseurs se sont demandé: qu'est-ce que
la communauté pour nous qui sommes indiens? Il s'agit d'un espace
territorial de propriété communale, une histoire commune transmise
oralement, une langue commune, une forme d'organisation propre et un
système de justice communautaire. Ils ont appelé cela la « communalité »
en tant que façon d'être, de vivre et de ressentir qui considère la
terre comme mère, pratique le consensus lors d'assemblées qui sont
l'organe le plus important pour la prise de décisions, et qui génère un
système de responsabilités basé sur le service gratuit, le travail
collectif comme acte de solidarité et de réciprocité, ainsi que la fête,
les rites et les cérémonies comme expression du commun.
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## Les radios communautaires comme entreprises de communication communale
En 2006, Oaxaca a connu un soulèvement social en réponse à la répression
du gouvernement contre le mouvement des travailleurs dans l'éducation.
Ce mouvement a donné naissance à l'Assemblée Populaire des Peuples de
Oaxaca [^4] et parmi ses principales caractéristiques, on trouve la
création de plusieurs radios communautaires et la réappropriation des
médias étatiques [^5]. Certaines sont devenues par la suite des
entreprises communales de communication [^6], avec comme objectif le
renforcement de l'autonomie des localités et la contribution aux
projections de vie des peuples autochtones, c'est-à-dire, leur
auto-détermination.
En 2012, plus de trente autorités municipales et communautés autochtones
firent une demande formelle auprès du Secrétariat des Communications et
du Transport (SCT) pour demander l'accès aux fréquences correspondantes
à la bande GSM [^3]. Cependant, la demande fut rejetée. Le cadre légal
n'oblige pas les grandes compagnies de télécommunication à donner accès
à des services de communication à des communautés rurales de moins de
5000 habitants, même si l'organe régulateur de lÉtat est obligé, lui,
de garantir le service universel en milieu rural.
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## La techno-graine
La création d'un réseau de téléphonie mobile autonome était en gestation
depuis plusieurs années au sein de la communauté *hacker* du mouvement
du logiciel libre, et il y eut plusieurs essais préalables pour que cela
devienne réalité. Par exemple, en 2008, il y eut l'idée d'utiliser les
téléphones portables pour la défense des droits humains et de
l'environnement, en documentant les abus auxquels étaient confrontés les
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peuples autochtones du sud du Nigeria. Le défi était le suivant:
traiter la documentation produite par ces téléphones portables sans
passer par les services de téléphonie mobile des entreprises. Cela a
conduit à essayer un logiciel (Serval Mesh) qui permettait la
communication sans passer par aucun des réseaux des compagnies. Cette
technologie s'est avérée peu adéquate dans ce contexte. Néanmoins, ces
problématiques amenèrent Peter Bloom, fondateur de l'organisation
Rhizomatica, à vouloir essayer un système de téléphonie mobile lorsqu'il
se rendit au Mexique pour collaborer avec l'organisation Palabra Radio,
à Oaxaca [^7].
Au début de l'année 2011, Kino, un *hacker* avec de l'expérience dans
les technologies pour les communautés autochtones en résistance,
commença une recherche sur les besoins technologiques pour pouvoir créer
ce réseau. En même temps, l'artiste mexicaine Minerva Cuevas [^8],
décida d'acheter un petit équipement de 3000 dollars pour créer une
intervention politico-conceptuelle en Finlande, avec l'aide de Kino, et
donna par la suite son équipement pour faire les premiers tests. Plus
tard, l'avocat Erick Huerta, spécialiste en télécommunications et
peuples autochtones, fit la connaissance de Rhizomatica lors de
rencontres de communicants autochtones et se mit à enquêter sur les
possibles implications légales. A ce moment là, l'organisation Palabra
Radio proposa de l'aide technique à des radios communautaires, et c'est
par ce biais que l'idée arriva jusqu'à Keyla et Israel, de radio Dizha
Kieru (Nuestra Palabra), située dans le village de Talea de Castro, où
en 2013, naît finalement le premier réseau de téléphonie mobile
communautaire.
Avant le lancement du réseau, Erick Huerta mit en place un échange avec
l'organe régulateur de lÉtat pour réviser l'assignation du spectre des
fréquences, et il trouva une plage de fréquences pour GSM qui n'était
pas utilisée et qui n'avait jamais été soumise à un appel d'offre, ni
donnée aux grandes compagnies. Cela permit de travailler dans un cadre
légal pour que les communautés puissent opérer leurs propres réseaux de
télécommunications. Une licence expérimentale fut obtenue pour deux ans
en 2014, et en 2016, l'organisation de toutes les communautés qui
avaient des réseaux de téléphonie ont formalisé une association appelée
« Télécommunications Autochtones Communautaires » (TIC A.C pour ses
sigles en espagnol). TIC A.C, structurée comme une assemblée de
communautés, a obtenu une concession sociale de 15 ans pour être
l'opérateur en télécommunication dans cinq états du Mexique (9). Elle a
créé un précédent important tant au niveau national qu'international, en
défiant le modèle commercial hégémonique des télécommunications, et en
considérant les citoyens non pas comme des clients consommateurs mais
comme des sujets de droits fondamentaux dont le droit à la
communication.
De ce fait, ces réseaux de téléphonie autonomes n'exploitent pas
commercialement les services qu'ils offrent et créent un fond de
récupération pour faire que le réseau soit soutenable. Aujourd'hui, le
forfait est de 40 pesos mexicains (plus ou moins 2 dollars) pour couvrir
les textos et les appels illimités dans la localité et les micro-régions
interconnectées. De ce forfait, 25 pesos reviennent à l'économie locale
pour couvrir les frais relatifs aux investissements réalisés par la
communauté et payer le fournisseur d'accès à Internet. Les 15 pesos
restant sont destinés à TIC A.C. pour l'entretien des réseaux et les
démarches administratives.
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## Comment fonctionne la téléphonie mobile communautaire?
Un réseau de téléphonie mobile communautaire est un réseau hybride
composé d'une infrastructure (*software* et *hardware*) et d'un service
Internet qui permettent qu'une communauté puisse se convertir en
fournisseur de services de communication. Le *hardware* consiste en un
émetteur-récepteur de signal GSM et un contrôleur ou ordinateur, qui
opère avec un logiciel libre connecté au réseau d'un fournisseur
d'Internet local, auquel on ajoute un service de voix sur IP (VoIP).
Grâce au travail de la communauté *hacker* du logiciel libre, Ciaby et
Tele, deux *hackers* italiens, ont créé les logiciels (RCCN + RAI) qui
font que ce réseau fonctionne et possède une interface administrateur
simple.
Par ailleurs, une communauté qui veut créer son propre réseau de
téléphonie a également besoin d'avoir mené à son terme un processus
collectif de prise de décisions au sein de l'assemblée communautaire. Il
est nécessaire d'écrire un acte qui autorise le projet et nomme un
comité de gestion et d'administration du réseau qui reçoit une formation
de la part de TIC A.C. Cette dernière a, à son tour, la responsabilité
d'aider les communautés dans l'importation, l'installation, la formation
et l'accompagnement au niveau légal, ainsi que dans la gestion de ses
propres réseaux. La communauté doit fournir le lieu où se fera
l'installation, investir aux alentours de 7 500 dollars dans l'achat du
matériel, son installation et la formation. Certaines communautés
utilisent des fonds municipaux, d'autres réalisent une collecte de fonds
parmi les personnes du village, d'autres encore font un prêt.
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## Bénéfices et défis
Il existe actuellement 15 réseaux qui couvrent a peu près 50 villages et
comptent entre 2500 et 3000 usagers. On observe une moyenne de 1300
appels par jour parmi lesquels 60 % se font au sein d'un même village ou
de la région de Sierra Juárez. Les principaux avantages de ces réseaux
sont la facilitation de la communication locale entre résidents et à un
niveau micro régional. Aussi, ces réseaux font baisser les prix de la
communication à un niveau national et international grâce à un contrat
avec un fournisseur de voix sur IP (VoIP), ce qui représente une baisse
de 60 % par rapport aux tarifs des compagnies de télécommunication. Du
fait de la régulation, il n'existe pas de numération propre à chaque
dispositif connecté. Il est donc nécessaire de payer un numéro publique
qui reçoit les appels de l'extérieur et à partir d'un menu oral, qui est
parfois dans la langue de la localité, chacun marque le numéro interne
de l'usager du réseau.
Du point de vue des personnes et des familles, on observe une plus
grande communication interpersonnelle, cela aide la vie communautaire,
au travail collectif, ainsi qu'à la convocation de l'assemblée et au
respect des tâches du système de responsabilités. Cela aide aussi au
niveau de la sécurité et de la surveillance au sein du territoire. Cela
est utile pour les urgences de santé ou comme système de prévention face
aux catastrophes naturelles comme les épidémies et les tempêtes. Enfin,
cela aide également aux relations commerciales et contribue au processus
de production, en améliorant l'accès vers plus d'information et de
communication avec d'autres.
Au niveau des défis, on peut parler des violences de genre, plus ou
moins nouvelles, qui peuvent se reproduire à travers ces technologies,
ce qui a donc amené à la création d'un nouveau mécanisme de traitement
de ces violences. C'est là qu'apparaissent des problèmes éthiques et
techniques qui vont du stockage jusqu'à la remise de l'information. La
prise de décisions concernant ces problèmes doit être débattue au sein
de l'assemblée communautaire et accompagnée d'un processus de réflexion
participatif qui prenne en compte les perspectives techniques,
politiques et éthiques nécessaires pour que ces nouveaux moyens de
communication puissent continuer à exister sans porter préjudice aux
communautés. Ces préoccupations ont été à la base de la création du
« Diplôme communautaire pour les personnes promotrices de
télécommunications et radiodiffusion », ainsi que d'un manuel [^11] et
d'un wiki [^12] pour documenter la production des connaissances.
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## Souveraineté Technologique et Autonomie
Maintenant que nous avons présenté le projet de téléphonie mobile
autonome et communautaire, je voudrais approfondir le débat éthique et
politique qui marque le rythme du dialogue entre la communauté *hacker*
du mouvement du logiciel libre et les communautés des peuples
autochtones à Oaxaca. Je veux réfléchir à la pertinence du concept de
souveraineté technologique comme perspective politique dans l'analyse de
ce type d'initiative. Il n'y a aucun doute sur le fait que le projet de
téléphonie communautaire est le résultat de la construction d'un pont
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entre ces deux communautés, et il construit des bases partagées: le
bien commun et la décolonisation. Pourtant, la rencontre et le dialogue
entre les deux n'est pas facile puisque pour la communauté *hacker, *le
point de départ est la défense et la décolonisation des connaissances
comme un bien commun, tandis que pour les communautés autochtones, le
bien commun est le territoire de propriété communale qu'il faut aussi
décoloniser.
Décoloniser le territoire communal implique de l'appréhender comme un
ensemble indissociable, qui inclut le spectre radioélectrique, ce bien
commun du domaine public, construit socialement et qui permet aux
communautés de renforcer leur autonomie. Pour décoloniser le spectre
radioélectrique, il faut des technologies et des connaissances. C'est à
cet endroit où se construit le pont qui réunit ces deux communautés. Une
fois réunies, commence alors le dialogue et on se rend compte que le
langage a lui aussi besoin d'être décolonisé.
Pendant la construction ce dialogue, nous avons observé que la vision
*hacker* cherche les biens communs depuis l'individu tandis que la
vision des communautés le fait depuis ce qui est communal. C'est le
point de rupture qui fait que pour certains *hackers*, arrivés sur ce
territoire de Oaxaca, il est difficile de comprendre le manque de
libertés individuelles qu'implique la vie communale. Ses membres ne sont
pas des êtres séparés de leur relation à l'ensemble. Nous avons aussi
appris que les mots n'ont pas toujours la même signification. Nous avons
découvert qu'un même signe a plusieurs significations et c'est dans ce
sens là que je veux exposer le concept de souveraineté technologique qui
nous a amené à participer à l'écriture de ce dossier.
Pour que cette techno-graine germe, il a fallu se situer sur un terrain
fertile riche d'histoire et de mémoire, un écosystème communal du
sud-est mexicain, un territoire qui lutte depuis des siècles pour son
autonomie et l'auto-détermination. Pour les peuples autochtones de
Oaxaca, le concept de souveraineté est lié à la construction de lÉtat
Nation qui, par sa constitution politique (1917), a cherché à absorber
les figures de l'autorité issues des communautés autochtones dans la
structure étatique et qui, dans ce sens, émulait l'expérience coloniale.
Jusqu'en 1992, lÉtat mexicain ne reconnaissait pas le droit des peuples
autochtones à se gérer par les us et coutumes. En 1994, quand le
mouvement néo-zapatiste fit son entrée sur la scène publique en
subvertissant l'idée marxiste de révolution nationale en une révolution
pour l'autonomie, les revendications dauto-gouvernement des peuples
autochtones du sud-est mexicain furent reconnues au niveau
international, avec la mise en place de technologies de communication et
d'usages créatifs et tactiques dans ce but. Pour mieux comprendre cette
dernière idée, revenons au début de cette histoire, à notre affiche de
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bienvenue:
Dans cette communauté, il n'y a pas de propriété privée.
L'achat ou la vente de terrains communautaires sont INTERDITS.
Cordialement, signé le Commissaire des biens communaux de Ixtlan de Juárez
Il ne s'agit pas là d'une déclaration de souveraineté mais bien
d'autonomie. Ici, la construction du pouvoir n'est pas issue de la
souveraineté du peuple mais de celle d'un territoire. Ce bien commun, où
il n'y a pas de place pour la propriété privée et où les technologies
ont un rôle de renforcement de cette autonomie, est le seul mandat que
doit respecter et défendre l'assemblée communautaire.
Jusqu'ici, il est clair que nous faisons référence au concept classique
de souveraineté et à sa signification dans cette partie du monde. Nous
sommes loin du concept de souveraineté technologique qui parle du
développement d'initiatives propres, définies par la vie en communauté,
comme un processus de prise de conscience et de renforcement en vue de
la transformation sociale. Cette distance est en grande partie alimentée
par l'idée erronée de renforcement des communautés à travers les
technologies commerciales actuelles pour arriver à une transformation
sociale. Nous avons besoin de continuer à tisser des savoirs entre
*hackers* et peuples pour décoloniser le concept de souveraineté
technologique et l'exercer depuis l'autonomie.
C'est pour cette raison que, lorsque la communauté *hacker* du mouvement
du logiciel libre propose de comprendre ces initiatives depuis la
perspective de la souveraineté technologique, nous ne rencontrons pas
l'écho attendu ; la signification est différente. Apparemment, il s'agit
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d'un conflit, même si en réalité, c'est un point de rencontre: nous
avons besoin de décoloniser le langage et comme le dit si bien Alex
Haché: « *Si l'idée peut être racontée, cela signifie qu'elle peut
aussi pénétrer l'imaginaire social et produire un effet radical et
transformateur* ». [^13]
Nous sommes dans un bon moment pour initier un dialogue entre
souveraineté technologique et autonomie, comprise telle qu'elle est
vécue dans cette partie du monde, par les peuples autochtones du sud-est
mexicain.
[^1]: https://es.wikipedia.org/wiki/Oaxaca
[^2]: https://es.wikipedia.org/wiki/Sistema_de_usos_y_costumbres
[^3]:
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https://es.wikipedia.org/wiki/Sistema_global_para_las_comunicaciones_m%C3%B3vile
[^4]:
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https://es.wikipedia.org/wiki/Asamblea_Popular_de_los_Pueblos_de_Oaxaca
[^5]: Un peu de cette vérité: http://www.corrugate.org/un-poquito-de-tanta-verdad.html
[^6]: Loreto Bravo. "Empresas Comunales de Comunicación: Un camino hacia la sostenibilidad". *Media Development* 4/2015 WACC. http://www.waccglobal.org/articles/empresas-comunales-de-comunicacion-un-camino-hacia-la-sostenibilidad
[^7]: https://palabraradio.org/nosotras
[^8]: http://contemporaryartarchipelago.fi/exhibition/artwork/15
[^9]: Puebla, Guerrero, Tlaxcala, Veracruz et Oaxaca.
[^10]: Liste de villages qui ont un réseau de téléphonie: Villa Talea de Castro (Sierra Juárez) • Santa María Yaviche (Sierra Juárez) • San Juan Yaee (Sierra Juárez) • San Idelfonso Villa Alta (Sierra Juárez) • San Juan Tabaa (Sierra Juárez) • Secteur Cajonos: Santo Domingo Xagacia, San Pablo Yaganiza, San Pedro Cajonos, San Francisco Cajonos, San Miguel Cajonos, San Mateo Cajonos (Sierra Juárez) • San Bernardo Mixtepec (Valles Centrales) • Santa María Tlahuitoltepec (Mixe-Alto) • Santa María Alotepec (Mixe-Alto) • San Jerónimo Progreso (Mixteca) • Santiago Ayuquililla (Mixteca) • San Miguel Huautla (Mixteca) • Santa Inés de Zaragosa (Mixteca) • Santos Reyes Tepejillo (Mixteca).
[^11]:
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https://media.wix.com/ugd/68af39_c12ad319bb404b63bd9ab471824231b8.pdf
[^12]: http://wiki.rhizomatica.org/
[^13]:
https://es.wikipedia.org/wiki/Soberan%C3%ADa_Tecnol%C3%B3gica